
Voilà un polar classique : tout commence par un meurtre et s’achève par la découverte du coupable. Trop réducteur bien sûr ! Mais c’est avant tout un roman noir sur le thème de la solitude dans une ville en pleine transformation Nottingham à la fin des années Thatcher.
Une femme Shirley Peters est assassinée. L’enquête menée par l’inspecteur Charlie Resnick vise dans un premier temps un ancien amant violent et jaloux ; mais un alibi solide et un second meurtre vont conduire la police sur la piste d’un tueur en série. L’enquête se complique quand on découvre que les deux femmes utilisaient des annonces dans la rubrique « Cœurs solitaires » pour rencontrer des hommes. C’est donc là que le tueur trouve ses proies. Il faudra un travail de fourmi, long et patient, pour parvenir à la vérité.
Des personnages attachants, complexes, peints par Harvey avec empathie. Charlie Resnick d’origine polonaise, divorcé, amateur de jazz, de chats et de sandwichs dont les traces se retrouvent sur sa cravate, de football… un flic à l’ancienne qui fonctionne à l’intuition, profondément humain.
Son équipe : le sergent Millington qui a atteint ses limites professionnelles ; les agents détectives Mark Divine une lourdaud raciste, Patel un jeune pakistanais diplômé naïf et timide, Kevin Naylor un jeune marié englué dans sa vie conjugale et Lynn Kellogg, une jeune femme à l’accent du Norfolk, très prometteuse.
Traitement des personnages féminins très juste en contraste avec des hommes souvent déboussolés.
Rythme vif, jazzy, du récit qui entrecroise différents fils : l’enquête, des scènes de la vie quotidienne, un amour naissant entre Resnick et Rachel Chaplin, une assistante sociale, le procès d’un père incestueux, rythme qui s’accélère au moment du dénouement.
Évocation nostalgique de Nottingham, des changements qu’elle a subis, des relations humaines difficiles souvent violentes, de la solitude des êtres.