Saule, Tristan - Et puis on aura vu la mer - Editions Le Quartanier

 




Ce livre est le quatrième d’un cycle de romans noirs intitulé "les chroniques de la Place carrée". Tristan Saule nous présente, à travers des personnages récurrents soumis aux aléas de la vie, au fil de périodes dramatiques (COVID), politiques (élections présidentielles françaises), humanitaires (Guerre en Ukraine), des histoires indépendantes qui marquent le quartier de Monzelle en 2022.


Dans ce livre, l'auteur a choisi de mettre en scène Sabrina personnage principal, mère de deux enfants, à la tête d’une famille monoparentale, qui exerce le métier d’ATSEM dans une école maternelle. On s’attache immédiatement à cette personne dévouée qui travaille dans l’ombre et l’anonymat auprès des petits, comme tant d’autres. Les quarante premières pages sont consacrées à la description de leurs tâches qui forcent le respect. Mal considérée, mal payée, elle se bat pour nourrir sa famille. Pour couronner le tout, son fils aîné, Esteban, est exclu de son école pour utilisation de drogue. Elle part le récupérer à la gare de Monzelle où elle fait une rencontre qui fera basculer sa vie et celle de certains voisins de HLM.

Elle recueille Iryna recroquevillée, effrayée et mal en point qui se dit réfugiée Ukrainienne. Au bout de quelques jours, Sabrina comprend qu’Iryna ment sur son identité, elle déclare se nommer Romane et elle s’enfuit. Au même moment, un Russe et un Ukrainien sont sur les traces d’Iryna, ils interrogent les gamins du quartier et finissent par la retrouver et l’enlever. Ils doivent la livrer à Olga à Nice. Par chance, Idriss, gamin du quartier, ayant assisté à la scène prévient Sabrina. Un élan de solidarité se déclenche autour de Sabrina. Lounès, dealer notoire prête sa voiture, Mathilde, travailleuse sociale de l’argent, Zineb, jeune Tunisienne sa présence, pour retrouver Romane. Après une petite enquête qui les mène à la vraie Iryna refugiée chez sa sœur ukrainienne, elle-même immigrée à Monzelle, elles obtiennent des explications sur la raison de l’enlèvement. Nos trois héroïnes s’élancent alors sur la route pour rejoindre Nice et Romane ...

Le roman s’accélère au fil du chemin parcouru, nous suivons à la fois la fuite des kidnappeurs de Romane sur les petites routes, le road-movie de Sabrina et compagnie sur l’autoroute avec un point de rencontre, Nice. Le suspense est garanti ainsi que les rebondissements.

Avec ce roman que je n’ai pas pu lâcher, je me suis attachée à tous les personnages qui sont riches d’amour, d’humilité, d’entraide, de profondeur humaine, y compris Alexei le Russe. J’aurais aimé être l’amie de Sabrina pour partager ce qu’elle a réussi à développer avec des gens totalement différents et l’aider à surmonter ses épreuves. On revisite aussi certains moments :

- sur le climat en cette période passée inaperçue des élections présidentielles pour certains,

- sur les débuts de la guerre en Ukraine, le statut des réfugiés en France et ailleurs

- sur l’incertitude de recevoir de Russie le gaz, le pétrole pour notre chauffage …

A lire absolument.