En attendant l’arrivée des gendarmes dont certains participent à un mariage, les villageois commencent les recherches. L’équipe gendarme est composée de Tassi, Baranès et Larrivoire qui, à priori pensent à une fugue de Justine mais devant la fermeté des villageois, ils se mettent à l’œuvre et entreprennent les battues collectives.
L’auteur nous oriente longuement sur la description de Tassi. C’est un flic alcoolique rattrapé au vol par ses collègues sans lesquels il devrait être mort depuis longtemps. En effet, un jour de beuverie alors que sa petite-fille l’accompagnait, Tassi a eu un épouvantable accident de voiture en rentrant chez lui. Sa fille est morte, sa femme l’a quitté avec son jeune fils. Avec un tel passif, Tassi aurait dû être radié, mais ses collègues ont falsifié les analyses, les preuves, enfin arrangé les choses pour essayer de lui redonner une chance. Lui n’en a cure, il se moque de tout, il souffre, il boit etc… Au retour de cette première battue, en pleine nuit, Tassi hébété par l’alcool et la fatigue arrête sa voiture pour téléphoner en haut d’une côte. Il assiste par hasard à une scène presque irréelle : en bas un homme creuse un trou et s’apprête à enterrer un corps. Le temps qu’il réagisse et descende pour rejoindre la scène, il parvient enfin sur les lieux où il trouve un berger allemand et Gabin Lepage, voisin un peu marginal qui porte le petit cadavre de Justine dans les bras. Gabin est arrêté, il est le coupable idéal, tout l’accuse, l’affaire est jugée. Il est condamné à 20 ans de prison.
En 2017, Tassi à la retraite est atteint de cirrhose du foie. Il a décidé de ne plus boire et de se rapprocher, autant que faire se peut, de son unique fils Guillaume marié, devenu papa et vivant au Luxembourg. C’est à ce moment-là que le cadavre de Laetizia Martinez (17 ans) disparue depuis une semaine est retrouvé par des chasseurs dans l’Ain. Tassi est frappé par l’analogie des sévices subis par Justine et Laetizia et décrits par la presse. Il est pris de doutes qu’il veut partager avec le capitaine Delalandre, chef de la brigade à Bourg en Bresse.
Le capitaine botte en touche, conscient du passé de Tassi, alcoolique, retraité et représentant le plus farouche adversaire de Gabin pour le faire avouer en 2005. Et de nouveaux meurtres et disparitions présentant des similitudes entre eux continuent de se perpétrer. Pour rouvrir le dossier et faire éclater la vérité, Tassi bourré de culpabilité se rapproche d’un auteur de thrillers, spécialiste des serial Killers, Nathan et d’une grande avocate spécialiste des causes perdues, Emma touchée par le cas de Gabin. L’objectif est de le faire innocenter 15 ans après. Emma a été formée par une célèbre avocate : Louisa Rauch, mère d’Anthony dit la Poire, enquêteur du précédent roman « l’empathie ». Ce clin d’œil est amusant et quelque part important.
Ce trio nous entraine dans une enquête à forts rebondissements où le suspense nous mène jusqu’au bout sur un final qu’on n’attendait pas. Une longue série de disparitions non éludées vont être étudiées et nous révéler une effroyable réalité qu’on peut tous connaître un jour. Jusqu’au bout du roman, nous suivons ces personnages très marqués psychologiquement et qui chacun dans leur domaine avec leurs forces et leurs faiblesses vont tout faire, au péril de leur vie pour apporter les preuves et faire coincer le vrai coupable. Fermer les yeux c’est aussi l’attitude de la Justice face à la réhabilitation des innocents et face aux personnalités intouchables, coupables de débordements impunis. On assiste à la rédemption de Tassi qui a tant à se faire pardonner. Malgré tout je ne me suis pas attachée à ce personnage trop malsain, trop cabossé par la vie, ni aux enquêteurs divers qui se voilent la face par facilité ou complicité.
Mon personnage attachant est Emma, l’avocate qui a choisi de se battre contre tous et surtout contre l’injustice, en hommage à son modèle Louisa Rauch. Ce roman en trois parties est bien écrit dans un style très ciselé. Il est bien abouti, percutant et surtout passionnant.